Nous sommes le et il est Dame de Tréfle - Yi King - Le Livre des changements
Dame de TréfleYi King / Yi Jing

Traits en Mutation : TCHEN

 
Tchen / L'éveilleur, l'ébranlement, le tonnerre

En haut : TCHEN L'ÉVEILLEUR, LE TONNERRE
En bas : TCHEN L'ÉVEILLEUR, LE TONNERRE

Extrait du "Yi King, le Livre des Mutations" de Richard WILHELM, traduit en français par Étienne PERROT

Neuf au commencement signifie :
L'ébranlement survient : oh ! oh !
Des paroles rieuses lui succèdent : ha ! ha !
Fortune.

La crainte et le tremblement devant la commotion ont tout d'abord sur un individu un effet tel qu'il se voit placé dans une situation désavantageuse par rapport aux autres. Mais cela n'est que passager. Lorsqu'on a traversé l'épreuve du jugement, un allégement se produit. Ainsi, la frayeur même que l'on doit d'abord éprouver amène, si l'on y regarde bien, la fortune.

Six à la deuxième place signifie :
L'ébranlement survient amenant le danger.
Tu perds cent mille fois tes trésors et dois faire l'ascension des neuf collines.
Ne leur fais pas la chasse : au bout de sept jours tu les recouvreras.

Ici se trouve désignée une situation où un homme a été mis en danger par l'ébranlement et a subi un grave préjudice. Les conditions sont telles que la résistance serait contraire à la direction du mouvement de l'époque et, par suite, infructueuse. C'est pourquoi on se contentera de se retirer sur des hauteurs inaccessibles au danger qui menace. On doit accepter la perte de ses biens et ne pas se chagriner outre mesure. Sans courir après ses possessions, on les recouvrera tout naturellement une fois passée l'époque dont les commotions les avaient emportées.

Six à la troisième place signifie :
L'ébranlement survient et laisse l'homme dans le désarroi.
S'il agit par suite de l'ébranlement, il demeure exempt d'infortune.

Il existe trois sortes d'ébranlements : l'ébranlement du ciel, qui est le tonnerre, l'ébranlement du destin et l'ébranlement du coeur.
Il s'agit ici moins d'une commotion intérieure que de l'ébranlement du destin. En de tels moments d'ébranlement, on perd trop facilement sa présence d'esprit, de sorte que l'on méconnaît toutes les possibilités d'action et qu'on laisse silencieusement le destin suivre son cours. Si l'on permet à l'ébranlement du destin de se transformer en mouvement du coeur on surmontera sans grande peine les coups de la destinée extérieure.

Neuf à la quatrième place signifie :
L'ébranlement s'enlise.

Le succès du mouvement intérieur dépend aussi en partie des circonstances. Lorsque celles-ci sont telles que l'on ne se trouve en présence ni d'une résistance que l'on puisse combattre énergiquement, ni d'une capitulation qui permette de remporter la victoire de haute lutte, mais que tout devient visqueux et mou comme de la vase, le mouvement est paralysé.

Six à la cinquième place signifie :
L'ébranlement va et vient : danger.
Toutefois on ne perd absolument rien.
Il y a seulement des choses à faire.

Ici ce n'est pas seulement un ébranlement isolé, mais il se répète et ne laisse même pas le temps de reprendre haleine. Toutefois l'ébranlement n'entraîne pas de perte, car on prend soin de demeurer au centre du mouvement et d'être, par suite, libéré du risque de se voir ballotté à droite et à gauche, sans défense, par le destin.

Six en haut signifie :
L'ébranlement apporte la ruine et les regards anxieux que l'on jette tout autour.
Aller de l'avant apporte l'infortune.
Si cela n'a pas encore atteint notre corps, mais a commencé par toucher notre voisin, il n'y a pas de blâme.
Les compagnons en ont à raconter.

Lorsque l'ébranlement intérieur a atteint son plus haut point d'intensité il prive un homme de sa faculté de réflexion et de sa clarté de regard. Dans une telle commotion il n'est naturellement pas possible d'agir de façon considérée. L'attitude juste est alors de se tenir en repos jusqu'à ce qu'on ait retrouvé le calme et la clarté.
On ne peut cependant y parvenir que si l'on ne s'est pas encore laissé gagner par l'excitation dont il est déjà possible d'observer les effets fâcheux au sein de l'entourage. Si l'on se retire à temps de l'action, on demeure exempt de fautes et de dommages. Mais on peut être sûr que les compagnons qui, pris dans ce tourbillon, n'admettent plus désormais les avertissements, ne seront pas satisfaits d'une pareille conduite. On se bornera à ne faire aucun cas d'une telle attitude.