Nous sommes le et il est Dame de Tréfle - Yi King - Le Livre des changements
Dame de TréfleYi King / Yi Jing

Traits en Mutation : SZE

 
Sze / L'armée

En haut : K'OUEN LE RÉCEPTIF, LA TERRE
En bas : K'AN L'INSONDABLE, L'EAU

Extrait du "Yi King, le Livre des Mutations" de Richard WILHELM, traduit en français par Étienne PERROT

Six au commencement signifie :
Une armée doit faire mouvement en bon ordre.
Si l'ordre n'est pas satisfaisant l'infortune menace.


Au début d'une entreprise guerrière l'ordre doit régner. Il doit exister une cause juste et valable; en outre l'obéissance et la coordination des troupes doivent être bien organisées, sinon le résultat inévitable est l'échec.


Neuf à la deuxième place signifie :
Au milieu de l'armée.
Fortune. Pas de blâme.
Le roi confère une triple décoration.


Le chef doit être au milieu de son armée. Il doit être en contact avec elle et partager les biens et les maux avec la masse qu'il dirige. Ce n'est qu'ainsi qu'il est à la hauteur des lourdes exigences qui pèsent sur lui. Ce faisant, il a besoin de l'approbation du souverain. Les distinctions qu'il reçoit sont légitimes : elles ne constituent pas seulement un privilège accordé à sa personne, c'est l'armée tout entière au milieu de laquelle il réside qui est honorée à travers lui.


Six à la troisième place signifie :
L'armée transporte d'aventure des cadavres dans le chariot. Infortune.

Une des explications évoque le dommage résultant de ce qu'un autre s'est immiscé dans le commandement à la place du chef désigné. L'autre interprétation correspond au sens général de la première dont elle diffère seulement dans l'interprétation des mots « transporte des cadavres dans le chariot ». Lors des obsèques et des sacrifices funéraires, la coutume chinoise voulait que le défunt auquel était offert le sacrifice fût représenté par un garçonnet de la famille : on l'asseyait à la place du cadavre et il recevait les honneurs destinés au disparu. L'interprétation en déduit qu'un « enfant-cadavre » est assis sur le chariot, c'est-à-dire que l'autorité n'émane plus de celui qui était appelé à l'exercer, mais que d'autres se la sont arrogée. Peut-être est-il possible de lever la difficulté tout entière en supposant une mauvaise lecture (sze = cadavre aura été mis pour fan = tous). Le sens serait alors simplement celui-ci : quand, dans l'armée, la multitude se transforme en chef (voyage dans le chariot), cela ne peut être que néfaste.


Six à la quatrième place signifie :
L'armée bat en retraite. Pas de blâme.

Lorsqu'on se trouve en face d'un ennemi supérieur avec lequel le combat est sans espoir, Une retraite en bon ordre est l'unique attitude juste, car elle préserve l'armée du dommage et de la désintégration. Ce n'est nullement un signe de courage ou de force que de vouloir engager à tout prix un combat sans espoir.


Six à la cinquième place signifie :
Dans le champ, il y a du gibier. Il est avantageux de le capturer.
Pas de blâme.
Que le plus ancien dirige l'armée.
Le plus jeune transporte des cadavres.
La persévérance apporte alors l'infortune.


Le gibier est dans le champ, c'est-à-dire qu'il a quitté sa retraite habituelle, la forêt, et fait irruption dans les champs qu'il dévaste. Cette image évoque une invasion de l'ennemi. Dans ce cas, un combat et un châtiment énergiques sont parfaitement légitimes. Cependant la guerre doit être conduite selon les règles. Elle ne doit pas tourner à la mêlée brutale où chacun ne peut compter que sur lui-même. En dépit de toute la persévérance et de toute la grande bravoure possibles, cela ne mènerait qu'à l'infortune. L'armée doit être régie par un chef expérimenté. La guerre demande à être dirigée. Il ne faut pas que la multitude se contente de frapper à mort ce qui lui tombe sous la main, sinon il en résulte du dommage et, malgré toute la persévérance déployée, l'infortune menace.


Six en haut signifie :
Le grand prince édicte des ordres, fonde des Etats, pourvoit les familles de fiefs.
On n'emploiera pas d'hommes vulgaires.


La guerre s'est heureusement terminée; la victoire a été remportée. Le roi répartit entre ses fidèles les fiefs et les possessions familiales. Mais, ce faisant, il importe qu'il ne place pas au pouvoir des hommes vulgaires. Ils ont prêté main-forte, il peut rétribuer leurs services en argent. Mais on ne doit pas leur accorder de terres ou des privilèges pour éviter les risques d'abus.